14h30-16h30 > La construction des sociétés civiles au Maghreb, entre dépendances et émancipation

La construction des sociétés civiles au Maghreb, entre dépendances et émancipation 

mer 12 juil 23
14h30-16h30
Athéna 045

 

Résumé :

Cette proposition de panel découle de l'expérience d'une réflexion collective lors du forum Insaniyyat à Tunis autour des « sociétés civiles en crise » dans le cadre des reconfigurations politiques dans le monde arabe après 2011. En vue du colloque GIS MOMM, nous proposons une nouvelle analyse centrée sur le Maghreb et ses enjeux spécifiques. Notion omniprésente, notamment depuis le début du “Printemps arabe”, la société civile reste une notion floue pour la littérature scientifique et une catégorie utilisée par les acteurs en raison justement de sa polysémie. Appliquée trop hâtivement à des contextes considérés comme des modèles positifs, son caractère normatif risque de cacher plus d'éléments qu'elle n’en montre.  

Les changements politiques, sociaux et économiques contribuent à repenser la notion de société civile à travers des nouvelles entrées et à en élargir la complexité. La société civile est à la fois un terrain de prolongement et de substitution de la politique et un champ d’élaboration de normes socio-économiques et de travail. Ses pratiques du plaidoyer, de l’évaluation, de la sensibilisation, de la mobilisation, voire de la redistribution tendent ainsi à reconfigurer les pratiques de l’action publique dans les mondes arabes, dans différents secteurs d’intervention des États. Dans ce cadre, le soutien financier et “technique” aux civil society organizations de la part de coopération (bilatérale et multilatérale) occidentale est depuis les années 2000 devenu un instrument privilégié pour servir des agendas transnationaux de réforme des politiques publiques, dans ces États largement dépendants de l’aide internationale au développement. Et ce, malgré la complexité des modalités d’appropriation voire de subversion des dispositifs de la coopération de la part des acteurs associatifs nationaux récipiendaires de l’aide. 

Une telle inclusion contemporaine de la “société civile” dans la fabrique des politiques publiques implique, par ailleurs, des recompositions profondes, dans les législations nationales et dans les réglementations administratives des États considérés, de la place accordée aux acteurs non-étatiques (associations, collectifs, “personnalités nationales”). Toutefois, les dynamiques de "réforme par le droit" menées par la société civile continuent d’être investies par des contradictions et des limites. En effet, les processus de libéralisation et d’affirmation de l'État de droit ont permis aux gouvernants de légaliser et, de ce fait, de dépolitiser les mobilisations - de défense, contestation, protestation - de la société civile. Ces différentes entrées permettent de créer un nouveau prisme analytique pour comprendre en détail les enjeux et les dynamiques de reconfiguration politique. Elles pointent également les limites d'une notion qui assume une dimension normative à la fois dans les analyses et dans les pratiques des politiques publiques.  

Responsables :
Damiano De Facci (IRISSO-Paris Dauphine) et Ester Sigillò (University of Bologna) 

Discussant :
Laura Ruiz De Elvira (IRD) 

 

 

Riadh Amine Ben Mami
Damiano De Facci 
La société civile en Tunisie, garante d’un processus électoral transparent et outil de la transition économique ?

Irene Lizzola
Plaider pour l’abolition de la peine de mort et la réforme de la “gouvernance sécuritaire” au Maroc : pluralité normative et dimension politique des circulations normatives transnationales droitsdelhommistes

Ester Sigillò
Sihem Beddoubia 
Société civile et lutte anticorruption dans le cadre de la reconfiguration du pouvoir en Tunisie et Algérie

Chiara Loschi, Université de Bologne
Quelle “société civile” en Libye ? Contradictions entre l'imaginaire politique de la jeunesse libyenne et les politiques de stabilisation des acteurs internationaux"

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