Résumé : 

Les révolutions dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb se sont accompagnées de transgressions de l’ordre du genre et des sexualités, que ce soit sur les lieux de travail, où des ouvrières se sont mobilisées en faisant grève et en mettant sur pied des syndicats ; dans les rues et sur des places publiques, où de nombreuses manifestations féministes ont eu lieu ; sur les réseaux internet, très investis par les nouvelles générations de militant.es ; ou encore, dans les productions artistiques. Des femmes et, dans certains cas, des membres des minorités sexuelles et de genre, se sont organisé.es pour revendiquer l’égalité juridique entre hommes et femmes, la représentativité des femmes dans les instances de décision, la dépénalisation des relations sexuelles entre personnes de même sexe, l’amélioration des conditions de travail et des augmentations salariales, la fin des violences sexistes et sexuelles, etc. Ces engagements ont cependant été relayés de manière sélective dans les médias, et ont été peu étudiés par les chercheur.es.   

À partir d’enquêtes de terrain au long cours en Tunisie, en Égypte et au Yémen, nous reconstituerons des mobilisations importantes, autour de trois problématiques. La première cherchera à saisir ce que ces actions et expressions collectives doivent aux conjonctures révolutionnaires d’une part, et à des processus historiques qui ont précédé ces dernières d’autre part. La seconde interrogera les effets et les traces à moyen terme de ces mobilisations et de ces expressions, alors qu’il est tentant de dresser le constat d’un simple retour à l’ordre avec les restaurations autoritaires et les guerres. Si ces deux problématiques portent sur ce que les conjonctures révolutionnaires font aux rapports de genre, une troisième soulignera que le genre est, symétriquement, une catégorie d’analyse nécessaire pour reconstituer les processus révolutionnaires.

Responsable :
Abir Kréfa, maîtresse de conférences en sociologie, Université Lyon 2/Centre Max Weber   

Sarah Barrières, Centre Maurice Halbwachs/EHESS, Université de Lille
Genre et mobilisations ouvrières dans la Tunisie révolutionnaire

Florie Bavard, Centre de recherche historique/EHESS, URMIS, Université Paris Cité
Blogueuses et expressions du corps, avant, pendant et après la révolution égyptienne de 2011

Mélodie Breton-Grangeat, laboratoire Triangle, Université Lyon 2 
La révolution yéménite de 2011 : un mouvement social sexué

Abir Kréfa, Université Lyon 2/Centre Max Weber 
Le mouvement LGBT tunisien : un effet de la révolution ?