L’objet de la conférence est d’évoquer à la fois les discussions houleuses qui ont marqué dans un passé récent la définition des contours conceptuels, chronologiques, et géographiques des « arts de l’Islam », et les nouveaux horizons qui s'ouvrent à la discipline dès lors qu’on en bouscule les frontières temporelles, nationales et artistiques. Après avoir rappelé les termes du débat entre tenants du canon unitaire de l’art islamique et détracteurs de son essentialisme, on illustrera concrètement le propos par les nouvelles voies désormais explorées pour rendre compte à la fois de la diversité et de la vitalité contemporaines de ce domaine de création, sans perdre de vue la portée plus générale des questionnements qui inspirent et transparaissent des travaux en cours.

Mercedes Volait est directrice de recherche au CNRS. Architecte de formation première (DPLG, 1982), elle est docteur en Études moyen-orientales (1993) et habilitée à diriger des recherches en histoire de l’art (2007). Elle a créé et dirigé de 2008 à 2018 le laboratoire InVisu (USR3103). Spécialiste du Moyen-Orient et des mondes musulmans, elle a été directrice adjointe du GIS MOMM (2017-2021). Elle est à l’origine de nombreuses réalisations dans le domaine des humanités numériques et des études aréales et elle co-dirige aujourd'hui le consortium DISTAM (Digital Studies Africa, Asia, Middle East) de l’IR* Huma-Num. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages touchant à l’histoire de l’art et de l’architecture et a contribué au Catalogue raisonné des arts de l'Islam du musée des Beaux-Arts de Lyon.

Son domaine de recherche fondamentale est l’histoire architecturale et patrimoniale de l’Égypte contemporaine, envisagée sous l’angle de l’histoire « à parts égales ». Elle s’est successivement intéressée aux figures endogènes de la modernité architecturale à partir des années 1880, à l’œuvre d’architectes français actifs au Caire (Pascal Coste (1787-1879) et Ambroise Baudry (1838-1906)), et à la pratique architecturale en situation coloniale dans le contexte de la création de la ville nouvelle d’Héliopolis. Ses travaux actuels portent sur les relations entre antiquarisme, collectionnisme et création architecturale dans l’Égypte tardo-ottomane (1863-1914). Elle a consacré plusieurs études à l’orientalisme architectural né au contact des monuments cairotes au XIXe siècle, et aux représentations figurées par le dessin, la photographie ou le moulage qui l’ont nourri. Elle étudie actuellement la marchandisation et la circulation de la curiosité islamique au XIXe siècle (objets d’art, mobilier et grands décors) à travers les acquisitions d’art islamique égyptien et syrien faites au cours des années 1860-1880 par ce qui allait devenir le Victoria and Albert Museum, dont elle a été chercheuse associée entre 2015 et 2019.

Mercedes Volait est lauréate de la Médaille d’argent du CNRS 2022, le prix qui distingue chaque année des chercheurs pour l’originalité, la qualité et l’importance de leurs travaux, contribuant au rayonnement et à l’avancée de la recherche en France et à l’international.

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