Ce panel répond à un angle mort de la littérature sur les institutions diplomatiques. Une partie importante des travaux portant sur les pratiques diplomatiques insistent sur leur importance en vue de comprendre la politique mondiale (Jacob, Pouliot, Neuman, 2015), tout en laissant de côté la question de la relation entre institution diplomatique et régime politique. L’étude des reconfigurations des relations entre institutions d’État et pouvoir politique est cependant clé pour saisir les évolutions des régimes politiques au-delà d’une simple démarche transitologique (Dabène, Geisser, Massardier, 2008), d’autant plus nécessaire dans une région où les administrations d’État sont paradoxalement sous-étudiées (Boutaleb, Dufresne Aubertin, 2022).

Ainsi, comment au Moyen-Orient les transformations des régimes (réforme, révolution, restauration autoritaire) donnent-elles à voir une recomposition des ministères des Affaires étrangères ? Comment ces changements se matérialisent-ils par des réformes du recrutement, de la formation, des cultures d’institution, des pratiques professionnelles et des carrières des diplomates en charge de représenter ces régimes à l’international ? À l’inverse, comment ces derniers redéfinissent-ils leur rapport au politique et de quels leviers disposent-ils ? En somme, que font les nouveaux pouvoirs (islamistes, autoritaires, révolutionnaires, démocrates...) des anciennes élites diplomatiques (panarabes, kémalistes, postcoloniales, etc.) ? Quels mécanismes de purges, résistances, négociations, compromis, et concurrences, voient le jour au cœur de ces processus qui redéfinissent les relations entre ministère et exécutif, et conditionnent la production de la politique étrangère ?

Prenant le parti d’une approche résolument comparatiste et sociohistorique, ce panel présentera des travaux portant sur des pays arabes mais aussi sur l’entourage régional turc, iranien, et pakistanais, dans une perspective visant à éclairer le moment post-printemps arabe mais ne s’y limitant pas. Il insistera notamment sur les héritages historiques et les effets d’échos et de cohérence à l’échelle régionale.

Responsables :
Yohanan Benhaïm, IFEA
Guillaume Beaud, Sciences Po-CERI

Discutante :
Assia Boutaleb, CESSP, Paris 1 Panthéon Sorbonne

Romain Damien, Sciences Po Aix, Mesopolhis
De l’OLP à l’Autorité : la mise en administration de la diplomatie palestinienne

Manon Laroche, Centre Thucydide, Université Paris-Assas / CEDEJ
La fabrique de la politique étrangère régionale de l'ÉEgypte. Acteurs et enjeux d'une "sécuritisation régionale"

Yohanan Benhaïm, Institut Français d’Études Anatoliennes
Instabilité du champ politico-administratif et désinstitutionalisation du ministère des Affaires étrangères durant les années AKP en Turquie : une étude du profil des ambassadeurs (1991-2022)

Guillaume Beaud, CERI, Sciences Po
Gardien de l’État : recompositions et résistances au ministère des Affaires étrangères du Pakistan en contextes de politisation de la haute administration (1973-2022)

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