Grâce à sa situation géopolitique, d'une part, et à sa structure historique, d'autre part, la Turquie est non seulement un carrefour entre l'Asie et l'Europe, mais aussi un point de croisement des civilisations et des cultures. Cette géographie, qui est devenue le centre de la richesse culturelle la plus dynamique du Moyen-Orient et de l'Europe, présente une discordance qui mérite d'être étudiée, soit avec sa propre culture, langue, interprétation religieuse, soit avec sa structure identitaire. La République turque, héritière de son passé ottoman, est caractérisée par un brassage et des échanges de populations qui impliquent des contacts de langues et de cultures. Ce melting-pot conduit à de nombreuses réflexions autour de la notion d’identité.

Le processus de construction nationale, en effet, met en évidence la turcité comme ethnicité légitime. Le patrimoine culturel, la mémoire collective et la transmission des héritages deviennent, dans ce cadre, une nécessité pour la préservation de l’identité. Lorsque l’on parle d’identité, nous faisons généralement référence à la fois à ce sentiment d’appartenance individuelle, mais également collective (Ferréol et Jucquois, 2003). La mondialisation et l’ouverture des frontières européennes, cependant, invitent à repenser et à bouleverser les normes de cette expression identitaire. Par ailleurs, cette identité se façonne selon un processus à triple polarité se basant sur l’Autre : identifier l’Autre, s’identifier à l’Autre, et être identifié par rapport à l’Autre (p. 19). En d’autres termes, quelle que soit la manière dont nous nous identifions, que ce soit par similarité ou par opposition, ce processus se fait toujours par rapport à l’Autre. Dans son ouvrage Le Déni des cultures, le sociologue Hugues Lagrange évoque le multiculturalisme comme une source inévitable de tensions et met en lumière les contradictions de l’identité notamment dans la sphère religieuse. Les frontières existantes, cependant, pourraient être amenées à évoluer en raison des différents conflits nationaux. Il s’agirait de comprendre, dans ce cadre, comment la turcité s’est fondée et consolidée par rapport à ses minorités, comment ces dernières sont perçues à la fois comme des éléments d’exclusion mais également comme des enjeux de politique nationale. Il s’agira de traiter en particulier par le biais de la pluralité de ces interventions, la notion d’identité sous ses différents angles culturel, linguistique, diasporique et politique à des échelles de temps variées.

Responsable :
Samim Akgönül, Université de Strasbourg

Onur Bülbül, Université de Strasbourg - ED SHS-PE / LinCS
Une identité créée en nécessité : la conscience de la turcité dans l’Empire ottoman au XIXe siècle et le rôle de l’orientalisme

Tamerlan Quliyev, Université de Strasbourg, DRES UMR 7354, ED 101/ École doctorale de Sciences juridiques, Sciences politiques
L’approche turque à la question des minorités : la différence dans les usages européens et turcs

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